08/08/2025 reseauinternational.net  6min #286686

 La conférence de l'Onu sur la solution à deux États marquée par l'absence d'Israël et des États-Unis

Que cache la multitude de «reconnaissances» de «l'État palestinien» par des criminels de guerre ?

par Robert Bibeau

Ces dernières semaines, de nombreux pays capitalistes belliqueux - l'Espagne, la Norvège, l'Irlande, la Slovénie, la France et le Canada entre autres - ont annoncé à cors et à cris leur «reconnaissance» de l'État de Palestine...ce «pays» en devenir génocidé par les sionistes et les puissances occidentales complices. Pour certains, il s'agit d'une étape historique. Pour d'autres, une victoire morale après des décennies d'occupation et de souffrance. Mais derrière ces gestes diplomatiques sans conséquence concrète sur la marche des crimes de guerre du régime israélien terroriste se cache une stratégie beaucoup plus sournoise. La question est inévitable : quels sont les intérêts réels derrière cette soudaine avalanche de «reconnaissances» bidons ?

Un État palestinien ou une fumisterie ?

Tout d'abord, il faut comprendre que ces reconnaissances ne sortent pas de rien. Elles se produisent au milieu d'une guerre génocidaire contre le peuple de Gaza, où l'État fasciste israélien a échoué dans sa tentative d'éliminer la résistance palestinienne, en particulier le Hamas. Ni avec des bombes, ni avec la famine de masse, ni avec les déplacements forcés d'un camp d'extermination à un autre, les mercenaires israéliens n'ont réussi à soumettre un peuple colonisé qui résiste dans la dignité.

Face à cet échec, l'Occident - et en particulier les États-Unis et l'Europe, sont à la recherche d'une alternative. Ils ne peuvent plus soutenir le récit burlesque qu'Israël, l'État fasciste exterminateur en guerre perpétuelle avec ses voisins «se défend» (sic). Ils ont besoin d'offrir une alternative qui maintienne le contrôle politique sur la populace, désactive la résistance et apaise les pressions sociales internes dans toute la Palestine occupée, y compris sur la base militaire israélienne - proxy de l'impérialisme. C'est là qu'intervient la reconnaissance de «l'État palestinien fantoche». 1

Mais il y a un truc. Parce que l'État reconnu n'a ni frontières, ni armée, ni souveraineté sur son territoire, ni autorité sur le peuple occupé et occupant. Il ne contrôle ni son espace aérien ni son espace maritime. Il ne peut garantir la sécurité de ses citoyens. En substance, c'est un fantôme administratif sous occupation et sous corruption. Et ce n'est pas un véritable État... c'est une fadaise colonialiste à la sauce «ONUSIENNE», que les puissances impérialistes imposent comme une alternative à un État souverain.

Blanchiment de l'image de l'Europe, des pays arabes et des autres

Ces reconnaissances servent également à nettoyer la conscience de l'Europe, des États-Unis et des autres puissances impériales complices du génocide en cours. Après des mois de complicité avec le génocide, que ce soit par la négation des crimes de guerre ou par le silence, ou par l'appui militaire (le bourreau israélien a le droit de se défendre en assassinant des enfants affamés) ou par les sanctions ciblées contre la résistance, ils essaient maintenant d'équilibrer la balance avec un geste symbolique, hypocrite et contre-productif en ce qui concerne la libération du peuple palestinien opprimé. Ils parlent de «deux États» - comme s'il s'agissait encore d'une option viable alors qu'en réalité, Israël a tellement fragmenté et colonisé le territoire que cette formule est devenue impraticable... Tant mieux disons-nous ! Un seul État laïc, multiethnique, sur l'ensemble de la Palestine mandataire, voilà l'objectif tactique des peuples de cette région.

On reconnaît «un État palestinien» mais on ne sanctionne pas le bourreau israélien, on poursuit la vente d'armes et l'expansion des colonies de peuplement des colons racistes à Jérusalem et en Cisjordanie occupée en dépit des multiples résolutions onusiennes que rejettent l'État hébreu raciste et son mentor américain. En d'autres termes, on légitime une solution diplomatique utopique sans modifier ni les conditions criminelles de l'occupation ni mettre fin au génocide en cours.

Et si l'objectif réel du gouvernement fasciste israélien et de ses maîtres était de faire disparaître la résistance ?

La plupart de ces pays continuent de considérer l'Autorité palestinienne (OLP) comme le «gouvernement légitime» du peuple palestinien malgré son absence de représentativité, sa corruption avéré et sa collaboration avec l'occupant terroriste et fasciste et son rejet par la majorité des Palestiniens. 2

Sommes-nous face à une tentative de réorganisation des cliques de dirigeants palestiniens de l'extérieur du bagne de Gaza, abouchés par les gouvernements arabes traitres et les puissances impérialistes suzeraines de l'État hébreu raciste, en excluant les mouvements de résistance tels que le Hamas ou le Jihad islamique et les autres ? Cherche-t-on à créer un état artificiel fantoche et obéissant qui administre l'occupation et ses prisons sans remettre en question le génocide et sans résister selon les vœux du peuple palestinien occupé ? Yasser Arafat a «gouté» cette «solution» du temps de Sharon, avec le succès que l'on sait.

Si tel est le cas, l'avalanche de reconnaissances serait moins une démonstration de solidarité qu'une manœuvre géopolitique pour neutraliser la lutte anti-coloniale du peuple palestinien.

Le piège de l'État factice et fictif

Il existe un risque énorme que le monde commence à parler de la Palestine en tant qu'«État reconnu» alors que, dans la pratique, elle reste une nation occupée, colonisée, asphyxiée, exterminée. Cette fiction juridique peut être utilisée pour geler le conflit, désamorcer les plaintes internationales et rendre les victimes elles-mêmes responsables de leur situation.

Dans ce scénario, la cause palestinienne d'une lutte anti-coloniale légitime se transforme en un différend bureaucratique entre divers Gouvernements fantoches, vassaux des puissances impériales. On efface l'histoire, on rend l'apartheid et le génocide invisibles et la voix des martyrs palestiniens s'éteint.

Conclusion

L'avalanche de reconnaissance n'est ni gratuite, ni désintéressée, ni progressiste, ni révolutionnaire. Elle s'inscrit dans le cadre d'un réajustement politique mondial face à l'usure morale de l'Occident et à la montée de la résistance palestinienne et internationale. Cela peut être utile sur le plan diplomatique, oui, mais nous ne devons pas nous laisser tromper : la vraie libération ne viendra pas des chancelleries des pays occupants ou complices mais de la détermination du peuple palestinien, à Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem, en exil et dans la diaspora et du soutien prolétarien international.

Tant que le régime d'occupation sioniste et son État terroriste ne sera pas démantelé, aucune reconnaissance ne sera possible et complète. Et tant que le sang continuera de couler à Gaza, aucun geste symbolique ne suffira.

 Robert Bibeau

  1. « Comment l'antisémitisme bourgeois est devenu le sionisme fasciste», Les 7 du Québec
  2.  reseauinternational.net

 reseauinternational.net